- En fait, eh bien ! je, je… je suis John ! le frère de Louise, et Théophile est notre chien. Bonjour Madame, on passait sur le chemin et on a eu faim et on est venu admirer vos… vos arbres et…
John cherchait désespérément à trouver des excuses pour ses actes. Il savait ce qu’est le vol, et il s’est trouvé coupable. Quelle histoire pourrait-il raconter qui serait crédible et déculpabilisante ?
Théophile le regarda d’un air curieux, comme s’il demandait la suite du discours.
- En fait, eh bien ! je, je… je suis diabétique et je dois manger à des heures régulières, et comme j’avais la tête qui tournait, je me suis permis de manger une pomme et un fromage… ou deux.
- Voilà, pensa John, suffisamment de vérité pour être crédible. Ma tête tournait effectivement, mais je ne suis pas diabétique.
Il s’efforça à ne pas penser à son voisin, qui doit se piquer avec une aiguille plusieurs fois par jour. Lui était réellement diabétique.
Le regard de la fermière changea immédiatement.
- Oh ! mon pauvre garçon, viens à l’intérieur avec ta sœur. J’ai juste ce qu’il te faut. Et elle partit d’un pas décidé vers la maison.
- Tiens, ma chérie, un biscuit pour toi, offrit la fermière à Louise. Louise croqua dedans : il était au caramel et au beurre salé.
- C’est trop bon ! Merci ! cria Louise.
- Ça a l’air drôlement bon, Madame, dit John.
- Oh, mon pauvre, ce n’est pas pour toi, ça, tu es diabétique ! J’ai du pain complet, sans confiture et un thé bien chaud.
Le pain plaisait bien à John qui regarda Louise d’un air innocent, pendant qu’elle dévorait son deuxième biscuit. Mais le thé de John était vert comme des pois cassés, épais et légèrement gluant.
Sans vouloir offenser son hôtesse, John demanda :
- Qu’est-ce que c’est que ce thé ? Je n’en ai jamais goûté de pareil.
La fermière se tourna vers lui avec un air surpris.
- Mais c’est du ‘chicogne’, un remède connu dans ces patelins pour le diabète - se retournant vers le feu - un peu plus de lait, ma petite Louise ?"
- Oui, s’il vous plaît.
- Et un biscuit ? Pourquoi pas du lait chaud avec un peu de miel ?
Louise battit des mains de joie.
- J’adore le miel !
- Très bien. Je reviens tout de suite. Son visage était souriant et agréable malgré ses cheveux un peu orange et son visage un peu rouge.
Elle sortit rapidement de la maison, tourna à droite, et on entendit une porte s’ouvrir et se refermer. Louise se tourna vers John :
- Mais tu n’as pas honte ? couvrir ton vol avec une maladie ! Non, mais !
- Arrête, Louise, tu me saoules. Tout se passe bien. Il faut juste que je trouve un endroit pour jeter ce thé.
Un faible grognement s’entendit de la fenêtre.
- John, il vaut mieux que tu dises la vérité… prévint Théophile.
- Ça va ! Ça va ! chuchota John, déjà j’ai du pain sec, pas de confiture ni de miel, et ce breuvage de sorcière me donne envie de vomir.
- Euh, John ? Tu le boiras ?
- Ecoute, pour réussir un mensonge il faut le jouer jusqu’au bout. Une fois les ventres remplis, on partira. Et, d’un seul coup, il avala la tisane.
Les bouches de Théophile et de Louise s’ouvrirent en même temps.
- Chuuut !... prévint John, je sens déjà l'odeur du bacon et des œufs brouillés dans mes narines. Et il suivit la fermière avec un air innocent.
- Non, mais c’est comme à la maison, là. C’est comme ça tout le temps. Je n’en crois pas mes yeux. Louise ne savait plus quoi dire.
- Louise, laissons faire les choses et observons.
Et Théophile trotta vers la maison, laissant derrière lui une Louise furieuse et frustrée. Ils pénétrèrent dans la maison, mais la fermière ne laissa pas Théophile entrer.
- Hop ! Hop ! Hop ! cria la fermière, pas de chien dans la maison. Et clac ! elle ferma le bas de la porte, juste après que Louise se fut faufilée à l’intérieur.
- Mais… commença Louise, puis elle vit, du coin de l’œil, l'approbation du chien.
- Allez, mon garçon... John ? C’est ça ?
- Oui, Madame, dit John en prenant un air abattu. J’avais faim. Pardon.
Louise glissa un regard vers la fenêtre et vit la réaction de Théophile, qui baissa la tête.
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