Moi, Linda Brown

Je m’appelle Linda. J’ai huit ans. J’habite dans la jolie ville de Topeka, dans l’état du Kansas, aux Etats-Unis. Aujourd’hui, je suis triste. Je ne suis pas allée à l’école. Pourtant l’école représente tout ce que j’aime ! J’aime y retrouver mes amies, surtout Elizabeth aux mille tresses. J’aime écouter ma maîtresse. Plus tard, quand je serai grande, je serai institutrice comme Miss Washington. Et surtout, j’aime apprendre ! Mes matières préférées sont le calcul et la poésie. Je peux déclamer des dizaines de comptines et de poèmes par cœur. Papa adore, quand le soir avant de prier, je lui récite avec ardeur, la dernière poésie que j’ai apprise. Cette passion pour les mots, je l’ai transmise à Cheryl, ma petite sœur. Elle m’imite volontiers mais elle, ce qu’elle retient, ce sont des mini bouts de Psaumes qu’elle apprend le dimanche à l’église.

Pourquoi je ne suis pas allée à l’école ? Dehors, il fait un froid glacial. J’ai su tout de suite, en sortant de la maison, que le chemin s’avèrerait difficile ! La bise m’a surprise en me dévorant les joues. Elle rugissait si fort que je n’arrivais plus à tenir sur mes jambes. Je titubais. J’ai pris mon courage à deux mains pour avancer. Et le cauchemar a commencé. L’humidité transperçait le manteau que Grand-mère m’avait confectionné cet été. Mes yeux brûlaient. Je ne distinguais plus la route de la voie ferrée. J’ai tenté d’accélérer le rythme pour me réchauffer mais en vain. J’ai trébuché sur un monticule de débris de branches et de feuilles mortes. Heureusement, mon cartable m’a protégée de la chute. Quand je n’ai plus senti mes pieds, j’ai commencé à sangloter. Aussitôt, mes larmes se sont transformées en perles de gel. Je pleurais de froid et je pleurais de rage mais je ne voulais surtout pas rentrer. La seule idée de manquer un jour de classe m’insupporte ! Devant mon absence, que penserait Maîtresse ? Et si je retournais à la maison, comment Papa et Maman réagiraient-ils ? Ils sont si fiers de mes résultats scolaires !

L’hiver a eu raison de ma volonté. Frigorifiée, j’ai fait demi-tour.