Le prophète Sophonie

Jugement général


Le Seigneur va intervenir contre le royaume de Juda et sa capitale Jérusalem. Ce royaume n’était certainement pas plus mauvais que d’autres, ni cette ville plus mauvaise que d’autres villes de l’époque. C'est pourquoi, pour couper court à toute contestation, Dieu commence par affirmer sa justice en posant l'universalité du jugement en préambule à cette intervention ciblée. Le jugement particulier qui va intervenir contre Jérusalem apparaît de cette façon comme un avant-goût, un aspect du jugement général qui atteindra finalement toutes les nations. Tous les peuples passeront par ce jugement général de la fin des temps, mais en attendant ces derniers temps, ils passent chacun à leur tour, selon leur degré d’éloignement de la loi de Dieu et selon le plan de Dieu, par des jugements intermédiaires et éducateurs. Le tour de Jérusalem, la capitale du royaume qui sert de témoin de Dieu, arrive maintenant.


Cette description d’un jugement universel nous fait penser au déluge qui a tout détruit sur la terre (Gn 6.7). Elle nous signale aussi qu’un jugement tout aussi universel aura lieu à la fin des temps. Ce jugement se réalisera par le feu comme le précise l’apôtre Pierre dans le Nouveau Testament (2 P 3.5-7).


- Je supprimerai tout sur la surface du sol,

- Oracle de l’Eternel - ; (1.2)

Dans son ardente colère, Dieu va provoquer sur la terre une situation de désolation et de vide (Jr 4.23-26). Ce sera le résultat de son jugement.

Quelle sera l’étendue de cette dévastation ?
Le terme hébreu « Arets » peut avoir deux significations. Il peut soit désigner le sol, la terre entière, soit désigner le pays, Israël.

Sur « la surface du territoire » est donc une traduction possible. On la retrouve dans la mise en garde que Dieu adresse à Salomon (1 R 9.7) et le châtiment de la famille de Jéroboam (1 R 13.34) qui concernent tous deux évidemment le seul pays d'Israël. Cette traduction limite la portée de cette parole de jugement au seul pays d’Israël.

Mais ce terme est parfois équivoque. On peut le comprendre aussi comme désignant « la surface de la terre habitée ». C’est le cas dans la mise en garde de Moïse (Dt 6.15) ou dans les paroles de l'alliance entre David et Jonathan (1 S 20.15). Dans ces textes, il peut avoir l’une ou l’autre des deux significations : ou le territoire ou la terre.

Car « Arets » a incontestablement une signification plus large dans d’autres textes de l’Ecriture. Ainsi dans le récit de la création, la vapeur arrose toute la surface du sol (Gn 2.6) et, plus tard, les hommes se multiplient sur la terre (Gn 6.1). De même, lorsque le prophète Amos ou le Psalmiste parlent de la création : cieux, eaux de la mer, surface de la terre (Am 9.6 ; Ps 104.30), ils parlent évidemment du monde entier.


Ce que le prophète annonce au début de son message, c’est vraisemblablement une destruction générale de la terre (So 1.18 ; So 3.8) semblable à celle résultant du déluge (Gn 7.23). Ces paroles de Sophonie résonnent d'ailleurs comme un écho des paroles du Seigneur décidant la destruction par l’eau (Gn 6.7).


Tout va-t-il vraiment disparaître ? L’intervention de Dieu amènera la fin du monde de péché que les hommes ont organisé sans Dieu. Elle sera la fin des faux espoirs humains. Mais sera-ce la fin de l’humanité ?

Les hommes connaîtront des jugements destructeurs qui toucheront les méchants (Mi 1.5). Mais le prophète signalera dans la suite la présence d’un reste qui demeurera à Sion. Il y aura donc encore des hommes sur la terre après l’intervention divine, mais des hommes fidèles qui participeront au nouveau monde régi par les lois de Dieu.


- Je supprimerai les hommes et les bêtes, (1.3)

La désobéissance d’Adam dans le jardin d’Eden a entraîné la nature entière dans la malédiction (Os 4.2-3). Plantes et animaux ont été soumis à la vanité à cause du péché de l'homme (Gn 3.17 ; Rm 8.20). Aussi les diverses manifestations de la colère de Dieu au cours des siècles touchent-elles à la fois les hommes, les animaux et la végétation (Jr 7.20 ; Ez 38.19-20). Ils sont étroitement dépendants l'un de l'autre, particulièrement l’homme dépendant des animaux et des végétaux que Dieu lui a donnés pour sa nourriture (Gn 9.3). Le Dieu qui les a placés ensemble sur la terre peut aussi les faire disparaître ensemble de cette terre (Gn 1.25).


C’est ce que le Seigneur annonce. Il va faire disparaître les uns et les autres. Cette disparition va se réaliser dans l’ordre inverse de la création. Sont touchées dans un premier temps les créatures, hommes et bêtes, qui sont venues à l’existence le sixième jour (Gn 1.24-26).